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Analyse technique de l’instrument
(avant restauration):
Buffet :
Durant les années 1850, Jean-Nicolas Jeanpierre montra une prédilection pour des buffets
néo-baroques qui étaient souvent d’une grande élégance, tant dans les proportions que dans la
réalisation. Le buffet conservé à Villerupt s’inscrit dans dans cette lignée, qui compte également les
boiseries de Chamagne, Darney, Gondrexange, Rehaincourt, Russ et Val-et-Châtillon. Mais alors
que tous ces meubles comportent trois tourelles, celui-ci est plus large et présente quatre tourelles,
solution qui avait déjà été utilisée dans les premiers ouvrages de Jeanpierre, comme à Lusse et à
Saint-Georges de Raon-l’Etape.
Le buffet consiste en une façade et deux parois latérales en chêne verni, avec des panneaux
arrière en chêne. Il n’y a pas de plafonds ni même de trace évidente de leur existence antérieure. A
l’origine, les tourelles étaient réunies entre elles par un arrière-corps qui montait au niveau des
tourelles latérales, mais cet élément fut probablement supprimé lors du transfert à Villerupt, pour ne
pas cacher la verrière de fond de nef. Le culot de la tourelle centrale de gauche a disparu. La paroi
latérale de gauche du soubassement a été déplacée de 324 mm vers l’intérieur par l’abbé Pigeon
lorsqu’il a reculé l’orgue vers le clocher, pour faciliter l’accès à la tribune depuis l’escalier de
gauche. De même, le panneau central du soubassement avait été découpé à la même époque pour y
placer un haut-parleur et une armoire à partitions et il a été récemment remplacé par un panneau
neuf. Le buffet n’est pas auto-porteur, les sommiers reposant sur une charpente indépendante, de
Jeanpierre.
La boîte expressive est en sapin, probablement de Didier-Van Caster, avec jalousies
verticales à l’avant.
Les tuyaux de façade sont en étain, remplacés par Jacquot en 1929. Les écussons sont
rapportés en plein cintre dans les tourelles latérales et imprimés en ogive dans les tourelles centrales et les plates-faces, sans oreilles. Alors que l’orgue Jeanpierre comportait beaucoup de chanoines en
façade, à présent tous les 61 tuyaux parlent.
Composition actuelle des jeux :
I Grand-orgue (56 notes, C-g’’’)
Montre 16
Bourdon 16
Montre 8
Flûte harmonique 8
Salicional 8
Prestant 4
Doublette 2
Trompette 8
Clairon 4
II Récit expressif (56 notes, C-g’’’)
Flûte d’orchestre 8
Gambe 8
Voix céleste 8 c-g’’’
Flûte octaviante 4
Cornet 5 rgs c’-g’’’
Cor anglais 16
Basson-Hautbois 8
Pédale (30 notes, C-f’)
Soubasse 16
Accouplement II/I
Tirasses I et II
Appels d’anches I et II
Sommiers :
A gravures, de Jeanpierre, en chêne. Les chapes sont en chêne vernis, vissées avec une
épaisseur de cuir, comme s’il s’agissait de clous forgés.
• 1 sommier pour le grand-orgue, situés derrière la façade, diatonique avec basses aux extrémités.
Largeur de 1990 mm par sommier, profondeur de 1050 mm. Laye à l’arrière, s’ouvrant au-dessus
de la passerelle d’accord. Tampon encastré en chêne, avec fers vissés. Les soupapes sont en chêne,
collées en queue. Il y a une soupape par note, sans doubles-gravures dans la basse. Elles sont
numérotées au crayon. Ressorts en laiton, à deux boucles. Il n’y a pas de boursettes mais des
passages capillaires. Epaisseur des chapes 25 mm, des registres 9 mm et de la table 9 mm.
Profondeur des gravures 100 mm au-dessus des soupapes mais moindre à l’avant (gravures en
sifflet).
Ordre des chapes :
1) Montre 16 (chape ajoutée sur flanc, à l’avant)
2) Montre 8
3) Prestant 4
4) Salicional 8 (Flûte harmonique 8 à l’origine ?)
5) Bourdon 16
6) Flûte harmonique 8 (Flûte 4 à l’origine ?)
7) Doublette 2
8) Trompette 8 (Plein-jeu à l’origine ?)
9) Clairon 4 (Trompette 8 à l’origine)
• 1 sommier pour le récit, situé derrière le précédent, au même niveau, diatonique avec basses aux
extrémités. Largeur de 1965 mm, profondeur de 700 mm. Laye à l’arrière, s’ouvrant au-dessus de la
passerelle d’accord, avec tampon encastré. Les soupapes sont en chêne, collées en queue. Il y a une
soupape par note, dès C. Elles sont numérotées au crayon. Guides en laiton. Ressorts en laiton, à
deux boucles. Il n’y a pas de boursettes mais des passages capillaires. Epaisseur des chapes 21 mm,
des registres 9 mm et de la table 9 mm.
Ordre des chapes :
1) Cor anglais 16, 130 mm (Basson-Hautbois 8 à l’origine)
2) Basson-Hautbois 8, 86 mm (Clarinette 8 à l’origine ?)
3) Flûte octaviante 4, 101 mm (Flûte 4 à l’origine)
4) Cor de Nuit 8, 103 mm (Bourdon 8 à l’origine)
5) Voix céleste, 108 mm (Dulciane 4 à l’origine)
6) Gambe 8, 133 mm
7) Cornet 5 rgs, 98 mm (chape ajoutée sur flanc à l’arrière)
Transmission :
La mécanique est pour l’essentiel de Didier-Van Caster, mais réutilisant divers éléments de
Jeanpierre. Cette mécanique est non suspendue, avec équerres en laiton. Les abrégés sont de
Jeanpierre, sauf celui de la tirasse, avec planches en chêne, rouleaux en fer peint en noir et
crapaudines en laiton.
A la pédale, la transmission entre le pédalier et le Bourdon 16 emprunté est pneumatique
tubulaire, de 1929.
Le tirage des jeux est mécanique, avec sabres en fer dans la console et tirants en sapin.
Console :
La console indépendante semble avoir été refaite par Didier-Van Caster, bien qu’elle
s’inscrive encore pleinement dans la tradition de la manufacture de Rambervillers. Le meuble est en
chêne verni, en bon état, tourné vers la nef et fermé par un couvercle incliné. Claviers en tilleul,
frontons à angle droit au grand-orgue et biseautés au récit. Naturelles plaquées de galalithe, feintes
en ébène. Octave 163 mm, longueur des palettes 40 mm et des feintes 70 mm au grand-orgue et
80 mm au récit. Les claviers étaient transpositeurs à l’origine comme l’atteste l’espace libre laissé
de part et d’autre entre les claviers et les gradins de tirants, ainsi que la trace de boutons sur les bras
plaqués d’acajou des claviers, destinés à les déplacer sur les côtés.
Le pédalier a été refait par Jacquot en 1929, en chêne, concave, avec feintes en acajou. Banc
en chêne, en bon état. Tirants de jeux de section ronde, disposés en gradins de part et d’autre des
claviers. Porcelaines de Jacquot (1929), blanches, avec cercles rouges au grand-orgue, bleus au récit
et jaunes à la pédale. Trois porcelaines sont plus tardives (Montre 16, Montre 8 et Salicional 8).
La
répartition des tirants de gauche est la suivante :
Soubasse 16 Basson-Hautbois 8 Cornet 5 rgs Flûte octaviante 4
Tacet Cor anglais 16 Voix céleste 8 Gambe 8 Flûte d’orchestre 8
Les tirants de droite se présentent ainsi :
Bourdon 16 Prestant 4 Salicional 8 Trompette 8
Montre 16 Montre 8 Flûte harmonique 8 Doublette 2 Clairon 4
Accouplements et appels par pédales à accrocher, en fer, de Didier-Van Caster, avec plaques ovales
en porcelaine blanche ;
[Trémolo] / Accouplement des claviers / Tirasse Grand-orgue / Tirasse Récit / Anches
Récit / Anches Grand-orgue
Il subsiste un emplacement vide pour une pédale, probablement destinée au mécanisme de
transposition aujourd’hui disparu. Expression par bascule en chêne, un peu décentrée à droite. Le
pupitre a disparu. La plaque d’adresse, en palissandre incrusté de laiton, est située au centre du
fronton au-dessus du récit et indique :
Grandes Orgues d’Eglises
Ch. DIDIER – VAN CASTER
NANCY (Meurthe & Moselle)
Tuyauterie :
Les tuyaux de Jeanpierre sont caractéristiques de la manière du facteur de Rambervillers
dans les années 1850. Ce sont des tuyaux de très bonne qualité, proches de ce qui se faisait sous
l’Ancien Régime, avec métal bien étoffé et soudures larges et régulières. Les pieds sont assez longs
(215 mm).
Les tuyaux posés par Didier-Van Caster ont été achetés chez un tuyautier parisien et
peuvent être attribués à Masure.
Dans le détail, la tuyauterie se présente de la manière suivante :
Grand-Orgue :
Montre 16
Jeu ajouté par Jacquot en 1929, sur flanc.
C-h en sapin, ouvert et postés sur moteurs pneumatiques, avec entailles de
timbre et glissières d’accord. Freins en métal. Ces tuyaux sont vraisemblablement
antérieurs à 1929 et proviennent d’une Flûte 16 de pédale, car
ils sont poinçonnés “Fl 16”.
c’ sur le sommier, en étain, avec entaille de timbre et oreilles ; tuyau
d’occasion poinçonné “P”.
cs’-f’’’ en façade, de Jacquot, en étain, avec entailles de timbre.
fs’’’ et g’’’ sur le sommier, en étain, avec entailles de timbre et oreilles ;
tuyaux d’occasion poinçonnés “FH”.
Bourdon 16
Jeu de Jeanpierre.
C-ds’ en sapin, bouchés, postés sur des moteurs pneumatiques pour être
empruntés à la pédale.
e’-g’’’ en étoffe, bouchés avec calottes soudées. Les tuyaux e’ et f’ sont
postés, pour les emprunter à la pédale, mais ils étaient sur le sommier à
l’origine, les tuyaux fs’-g’’’ sont sur le sommier.
Montre 8
C-Ds en sapin, de Jeanpierre, ouverts avec entailles de timbre et
glissières d’accord.
E-fs en façade, de Jacquot, en étain, avec entailles de timbre.
g-g’’’ sur le sommier, de Jeanpierre, en étain sur pieds d’étoffe, avec
entailles de timbre et oreilles.
Flûte harmonique 8
C-H en sapin, peut-être de Didier-Van Caster, ouverts et postés, avec
entailles de timbre et glissières d’accord.
c-g’’’ en étoffe, c de Didier-Van Caster et cs-g’’’ de Jeanpierre, décalés
d’un demi-ton. Encoches d’accord de Didier-Van Caster. gs-g’’’
octaviants, avec deux trous latéraux.
Salicional 8
C et Cs en sapin, ouverts et postés, de Didier-Van Caster, avec entailles de
timbre et glissières d’accord.
D-g’’’ sur le sommier, de Jeanpierre, provenant d’une Gambe à l’origine
car marqués “G”, en étain, avec entailles de timbre et oreilles
jusqu’à g’’’. Les tuyaux c’’’ et fs’’’ ont disparu.
Prestant 4
C-ds en façade, de Jacquot, en étain, avec entailles de timbre.
e-g’’’ sur le sommier, de Jeanpierre, en étain, avec entailles de timbre.
e-a’’ avec oreilles. Le tuyau g’’ a disparu.
Doublette 2
Jeu de Jeanpierre, au complet.
C-g’’’ en étain, C-g’’ avec entailles de timbre et gs’’-g’’’ coupés au
ton. C-g’ avec oreilles.
Trompette 8
Jeu de Didier-Van Caster.
Pavillons en étain, dont fs’’-g’’’ harmoniques. C-d avec entailles de
timbre. Noyaux anglais pour C-H et cs’’-g’’’, à bagues pour c-c’’.
Beaucoup de noyaux sont oxydés et coincés dans les pieds. Rigoles
Bertounèche.
Clairon 4
Jeu de Didier-Van Caster, mais plus tardif que la Trompette (1905 ?).
Pavillons en spotted, avec entailles de timbre. Noyaux anglais pour C-F,
à bagues pour Fs-a et en olive pour b-g’’. Rigoles Bertounèche. Le
tuyau C est marqué “Clairon 4 pieds”. Le tuyau cs’’ est à bouche, de
récupération, de Laukhuff, avec aplatissage saillant en plein cintre et
entailles de timbre.
Les tuyaux gs’’-g’’’ étaient à bouches mais ont tous disparu.
Récit expressif :
Flûte d’orchestre 8
C-ds en sapin, de Jeanpierre, bouchés et postés sur les côtés.
e-g’’’ en étoffe, bouchés avec calottes mobiles. e et f de Didier-Van
Caster, fs-g’’’ de Jeanpierre, décalés d’un ton. Dents approfondies par
Didier-Van Caster.
Gambe 8
C-H de Jeanpierre, en étain, sur le sommier sauf C et Cs postés sur la
chape du Cornet. C-F coudés. Entailles de timbre, oreilles et freins de
Didier-Van Caster.
c-g’’’ de Didier-Van Caster, en étain, avec entailles de timbre et freins
jusqu’à fs’’’, sans oreilles de c’’ à fs’’’. Poinçons “V”.
Le tuyau g’’’ est étranger, en étain, coupé au ton, avec oreilles.
Voix céleste 8
c-g’’’ de Jeanpierre, provenant d’une Dulciane car marqués “D”.
Tuyaux en étain, avec entailles de timbre, oreilles et freins de Didier-Van
Caster. Tuyaux décalés d’un ton par Didier-Van Caster, pour les munir
d’entailles.
Flûte octaviante 4
Jeu de Didier-Van Caster.
C-g’’’ en étain, avec entailles de timbre. C-h’’ avec oreilles. c’-g’’’
octaviants, avec deux trous latéraux. Poinçons “O”.
Cornet 5 rgs
Jeu ajouté sur flanc par Jacquot (1929), en utilisant des tuyaux
d’occasion.
Les pièces gravées en chêne, du XIXe siècle, sont prévues pour 30 notes
(c’-f’’’) et ont été portées à 32 notes (c’-g’’’) par Jacquot. Postages en
plomb.
Tuyaux en étoffe pour c’-f’’’, du XIXe siècle, avec aplatissages en
ogive et bouches arquées. Rang de 8’ bouché avec calottes mobiles, autres
rangs coupés au ton. Les tuyaux sont poinçonnés. Pieds de 180 mm de
hauteur.
Les tuyaux fs’’’ et g’’’ sont de facture différente, plus récents.
Cor anglais 16
Jeu de Didier-Van Caster.
Pavillons en étain, dont C-F coudés. Noyaux anglais, oxydés. Anches
libres. Pieds de longueur variable pour d’-ds’’’.
Basson-Hautbois 8
Jeu de Jeanpierre.
C-h Basson. Pavillons en étain, avec entailles de timbre, dont C et Cs
coudés. Noyaux anglais pour C-H puis à bagues. Rigoles à larmes
changées par Didier-Van Caster. Pavillons marqués “Basson”. Pas de
décalage.
c’-g’’’ Hautbois. Pavillons en étain, sans entailles de timbre, dont b’’-
g’’’ harmoniques. Noyaux à bagues. Rigoles d’origine, non étamées.
Diapason :
Le diapason de Jeanpierre était de 440 Hz et Didier-Van Caster l’a porté à 435 Hz en
décalant et entaillant la tuyauterie.
Soufflerie :
Placé sous le clocher derrière l’orgue, le réservoir à tables parallèles et plis compensés est
de Jeanpierre, caractéristique de sa manière. Sa largeur est de 2315 mm, sa profondeur de 1750
mm. Il comporte deux pompes dont le mécanisme a disparu. Les compas sont en chêne, celui d’un
des quatre côtés a disparu. Le ventilateur Meidinger n’est plus branché au réseau électrique, il est
relié au réservoir par une boîte à rideau assez rudimentaire.
Les deux portevents alimentant les sommiers sont de Jeanpierre, en sapin, ce qui signifie
que l’emplacement du réservoir par rapport aux sommiers n’a été modifié ni par Didier-Van Caster,
ni lors du transfert à Villerupt. Les postages sont en plomb. Le trémolo est de Didier-Van Caster.
Christian Lutz (extrait du cahier des charges)
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